En 2011, Fathma quitte la Guinée pour l’Égypte, mais face à l’exploitation et la détention, elle retourne à Conakry. Avec l’aide d’EJM, elle aspire à se former et bâtir une vie stable pour elle et sa fille. J’étais heureuse parce que j’allais travailler et aider ma famille, » se souvient-elle, « mais triste parce que je devais quitter ma famille et mes amis pour un pays où je ne connaissais personne. » En 2011, avec peu d’opportunitées dans on pays, la Guinée, d’opportunités dans son pays et le désir de soutenir sa famille, elle accepte une offre d’emploi comme femme de ménage pour une famille au Caire.
Bien qu’elle ressente à la fois de l’excitation et de la tristesse à l’idée de quitter ses proches, elle croit que ce changement va transformer sa vie. Son départ, cependant, tourne rapidement au cauchemar. Dès son arrivée, ses employeurs lui confisquent son passeport et l’obligent à travailler sept jours sur sept, la payant rarement et la traitant mal. Les promesses de bons revenus faites par ses recruteurs se révèlent être des mensonges. « J’ai réalisé que tout ce qu’ils m’avaient dit était faux, » dit-elle. Bloquée, sans moyens de retourner en Guinée et craignant d’être arrêtée, Fathma reste chez cette famille, endurant des conditions d’exploitation. « Tout ce que je voulais, c’était travailler, économiser un peu d’argent, et peut-être même atteindre l’Europe, » se souvient-elle, mais sa réalité en Égypte s’avère bien différente.
« Tout ce que je voulais, c’était travailler, économiser un peu d’argent, et peut-être même atteindre l’Europe, »
Fatma
En 2014, son compagnon la rejoint au Caire, et ensemble, ils parviennent à louer un petit logement. Lorsqu’ils ont une fille, Fathma espère que les choses s’améliorent, mais son compagnon la quitte peu après, l’accusant de cacher de l’argent. Seule avec son enfant, elle retourne travailler pour la même famille, continuant un labeur épuisant qui aggrave ses douleurs au dos. Les longues heures de travail détériorent sa santé, mais elle s’accroche à l’espoir fragile que ses employeurs mettront de l’argent de côté pour elle, comme ils l’avaient promis.
En 2024, épuisée et malade, Fathma décide de quitter son emploi. Pendant un temps, elle vit près d’un magasin local, dormant à l’extérieur et dépendant de la générosité des passants pour ses besoins de base. Mais avec l’intensification des arrestations de travailleurs sans papiers au Caire, Fathma est finalement arrêtée par la police. Son temps en détention est inhumain ; elle se rappelle des cellules surpeuplées et la punition douloureuse de devoir rester debout sous le soleil pendant des heures. « J’ai vécu l’enfer, » dit-elle. « Les droits des migrants ne sont pas du tout respectés. » Après deux mois, l’ambassade guinéenne lui procure des documents temporaires de voyage, et une collecte de fonds communautaire lui permet de financer son billet de retour à Conakry.
Son retour chez elle est à la fois un soulagement et une lutte. Fathma arrive à Conakry avec pour seul bagage les vêtements qu’elle porte et sa jeune fille à ses côtés. Sans endroit où loger, elle approche une vendeuse de riz près de l’aéroport, qui, après avoir écouté l’histoire de Fathma, lui offre un endroit pour dormir. « Nous dormons à même le sol, » dit-elle, « mais c’est chez moi. La vie est difficile en Guinée, mais au moins, je suis en sécurité. » Ses expériences en Égypte ont profondément modifié sa vision de la migration. « Je n’ai plus l’intention de migrer, » déclare-t-elle fermement. « Tout ce que je veux maintenant, c’est trouver un travail qui puisse subvenir à mes besoins et à ceux de ma fille. »
« Voyagez de manière légale, par des voies sûres. J’ai tout perdu lorsque j’ai été arrêtée ; mes biens sont restés en Égypte, et je suis revenue en Guinée sans rien. »
Fathma
Depuis son retour, Fathma a été mise en contact avec EJM, qui lui a fourni des kits d’hygiène, des vêtements et des bons alimentaires. Le soutien d’EJM a ravivé en elle une lueur d’espoir. Elle attend de pouvoir s’inscrire à un programme de formation de six mois en services de bar et de restauration, espérant que cela lui permettra de gagner un revenu stable. « Grâce à ce projet, je peux enfin apprendre un métier, » partage-t-elle avec un optimisme renouvelé. Son objectif principal est de créer un environnement stable pour sa fille, en imaginant une vie où elles auront un foyer sûr et suffisamment pour répondre à leurs besoins.
Si elle pouvait partager un message avec d’autres personnes envisageant de migrer, Fathma serait claire : « Voyagez de manière légale, par des voies sûres. J’ai tout perdu lorsque j’ai été arrêtée ; mes biens sont restés en Égypte, et je suis revenue en Guinée sans rien. » Elle espère que, dans le futur, le soutien aux migrants pourrait s’améliorer grâce à l’implication de l’État et la création d’opportunités d’emploi dans le pays. « L’État devrait aider à créer des emplois pour les migrants de retour et soutenir les organisations qui nous assistent, » suggère-t-elle, espérant que son histoire inspirera le changement.
Pour Fathma, le voyage est loin d’être terminé. Mais avec le soutien d’EJM et sa propre détermination, elle se concentre sur la construction d’un avenir à Conakry, ancré dans la stabilité, la sécurité, et la promesse d’une vie meilleure pour elle-même et sa fille.







