À la recherche de stabilité : L’histoire de force et de survie de M’mahawa

Envoyée en Côte d’Ivoire enfant, M’mahawa retourne en Guinée après des abus et un mariage forcé. À Conakry, elle se consacre à la coiffure et espère, grâce à EJM, bâtir un avenir stable pour sa famille.

La vie de M’mahawa Kourouma a été marquée par les épreuves et la résilience. Née dans un petit village de Guinée, elle a été élevée par sa mère après la séparation de ses parents, devant faire face à la difficulté de subvenir aux besoins de M’mahawa et de ses cinq frères et sœurs avec très peu de moyens. À l’âge de huit ans, sa mère accepta de l’envoyer en Côte d’Ivoire avec son oncle, qui promettait un avenir meilleur.

Mais la vie en Côte d’Ivoire s’avéra très éloignée de l’opportunité espérée par sa mère. En Côte d’Ivoire, M’mahawa devait gérer les tâches ménagères et s’occuper de ses jeunes cousins. La pression monta lorsque des hommes locaux l’incitèrent à se marier jeune, mais son père en Guinée s’y opposa. Au fil du temps, M’mahawa dut faire face à une épreuve encore plus grave : son oncle commença à l’abuser, ce qui se solda par une grossesse traumatisante. Lorsqu’il découvrit sa condition, il la força à avorter, la laissant brisée et remplie d’amertume. « Je n’étais plus heureuse, je me disputais tout le temps avec mon oncle, » se souvient-elle. « Finalement, il a décidé de me renvoyer auprès de ma famille en Guinée. » Cette décision, bien que libératrice, survient après des blessures émotionnelles profondes.

Le retour en Guinée ne lui offrit pas la paix qu’elle espérait. Sa famille arrangea un mariage pour elle sans son consentement, une décision qu’elle accepta pour éviter les conflits, notamment pour le bien de sa mère. Elle dut lutter dans ce mariage, réalisant qu’elle et son mari avaient peu de choses en commun. Ils se séparèrent finalemen, la laissant à nouveau face à elle-même. « Je n’avais pas mon mot à dire dans ce mariage, » confie-t-elle, « mais je l’ai accepté pour protéger ma mère des tensions familiales. » Malgré son passé, ces expériences ont renforcé la détermination de M’mahawa. Après sa séparation, elle commença de petits commerces dans la rue, vendant des produits pour gagner son indépendance et soutenir sa mère. Ses activités lui permirent non seulement d’être financièrement autonome, mais aussi de prendre en charge deux de ses sœurs, qui vivent maintenant avec elle à Conakry. « Toutes ces expériences m’ont rendue plus forte et plus indépendante. Je suis responsable de moi-même maintenant, je paie mon loyer et j’envoie même de l’argent à ma mère, » affirme-t-elle fièrement.

Son expérience en Côte d’Ivoire a laissé une marque profonde. Contrairement à la Guinée, où elle pouvait espérer un soutien familial, la Côte d’Ivoire fut pour elle un lieu d’isolement et de danger, sans personne vers qui se tourner. « Je vivais avec mon oncle, qui passait tout son temps à me violer. Je n’avais nulle part où aller, » se souvient-elle, rappelant douloureusement sa vulnérabilité. Les abus qu’elle a subis ont laissé une empreinte durable dans sa famille, son traumatisme étant désormais connu de tous.

Lorsque M’mahawa revint enfin à Conakry, elle ressentit un immense soulagement et un sentiment de sécurité. « J’étais tellement heureuse de revoir ma mère ; j’ai même pleuré, » confie-t-elle, « je me sentais en sécurité, comme si j’étais vraiment de retour chez moi.» S’adapter à la vie à Conakry ne fut pas facile au début, mais avec le temps, elle trouva sa place, puisant sa force dans son entourage et ses aspirations. Son regard sur Conakry et la Guinée reste positif, tandis qu’elle construit son avenir avec détermination.

Ses ambitions se sont développées depuis qu’elle a repris contact avec EJM au début de 2023. Grâce à leur soutien, elle voit désormais une voie claire dans la coiffure, un métier qu’elle a commencé à pratiquer après son retour à Conakry. « La coiffure est le premier métier que j’ai appris. Avec ça, je crois que je peux réaliser mes rêves, » dit-elle, confiante dans les nombreuses opportunités que cette compétence peut offrir. L’encouragement d’EJM lui a donné une nouvelle confiance et une vision claire de son avenir. « Grâce à ce projet, j’ai confiance en moi et en les opportunités qu’il apporte. J’espère transformer mon rêve de devenir styliste en réalité, » explique-t-elle.

Au-delà de ses propres objectifs, M’mahawa espère également voir plus de soutien pour les femmes comme elle—celles qui ont enduré des épreuves et sont rentrées chez elles. Elle estime que le financement de projets ou la création de programmes de formation aideraient d’autres migrantes ou rapatriées à acquérir les compétences nécessaires pour prospérer en Guinée, leur permettant de construire de meilleures vies sans devoir chercher des opportunités à l’étranger. À travers son parcours, M’mahawa est devenue un symbole de résilience, travaillant vers une vie stable et indépendante à Conakry, renforcée par son passé et pleine d’espoir pour l’avenir.